Les principaux indices boursiers ont corrigé de façon assez significative depuis début avril (environ -6 % pour le CAC40 et -20 % pour le Nasdaq). Les inquiétudes sur la dégradation du contexte économique se sont accentuées, entraînant une aversion au risque des investisseurs.
Le spectre d’une entrée en récession guette les marchés. Les premières estimations du PIB, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, indiquent une contraction ou une stagnation de l’activité économique.
« L’aplatissement » de la courbe des taux aux États-Unis (resserrement entre les taux courts et les taux longs) est aussi interprété par les investisseurs comme un signe annonciateur d’une possible entrée en récession de l’économie américaine. La détérioration du contexte sanitaire en Chine et la politique « zéro Covid » menée par les autorités sont également défavorables pour la croissance mondiale.
En outre, les derniers chiffres d’inflation publiés pour le mois d’avril montrent certes une décélération par rapport au mois précédent aux États-Unis (+0,3 % contre +1,2 % en mars par rapport à février) mais restent positionnés sur des niveaux très élevés (+8,3 % aux États-Unis et +7,5 % en zone euro en rythme annuel). Il semblerait que le pic d’inflation ne soit pas encore atteint.
Cela laisse craindre une stagflation de l’économie mondiale (croissance économique faible ou nulle couplée à une forte inflation) dans les prochains mois.
Les réunions des principales banques centrales étaient ainsi très attendues pour appréhender la façon dont elles pourront manœuvrer dans ce contexte :
La Fed, inquiète par un marché du travail qui se tend aux États-Unis (environ 2 offres d’emploi disponibles pour chaque demandeur d’emploi, ce qui entraîne une pression inflationniste sur les salaires), a annoncé une hausse des taux directeurs de 0,50 % (plus forte hausse depuis 22 ans) qui sont désormais compris entre 0,75 % et 1 %. Cette hausse a plutôt été bien accueillie par les marchés dans la mesure où elle était largement anticipée. L’intervention de la Fed devrait se poursuivre sur le même rythme lors des deux prochaines réunions (les prévisions faisant état de taux dans une fourchette comprise entre 2 % et 3 % en fin d’année).
La BCE qui restait jusqu’alors plutôt attentiste par rapport à l’attitude des autres banques centrales, a annoncé l’anticipation de son programme d’achats d’actifs au début du troisième trimestre suivie d’une hausse de taux (une première depuis 10 ans).
Les sociétés du secteur technologique sont les plus pénalisées par ce mouvement de resserrement monétaire et de hausse de taux. Leur valorisation boursière a ainsi été fortement impactée comme l’illustre la performance du Nasdaq depuis le début de l’année (environ -27 %).
Les secteurs défensifs et non cycliques (télécoms, produits de base et services publics) ainsi que les matières premières (or et pétrole notamment) sont au contraire ceux qui résistent le mieux.
Jusqu’à présent, la dégradation du contexte économique n’impacte pas les résultats des entreprises qui ont été, en grande majorité, supérieurs aux attentes au premier trimestre (à l’exception des valeurs technologiques aux États-Unis). Les niveaux de valorisation sont ainsi désormais plus attractifs (inférieurs à leur moyenne historique en Europe). Nous restons néanmoins prudents devant des perspectives que nous jugeons défavorables (resserrement monétaire, incertitudes géopolitiques liées au conflit entre l’Ukraine et la Russie, impact probable sur les bénéfices des entreprises) et une prime de risque peu élevée sur les marchés actions avec la hausse du rendement des obligations américaines.